nouvelle aristocratie

Moi, Ambroise la tortue, je ne suis pas trés rapide. Il faut m'expliquer longtemps, mais là, quand même,j'ai compris : nous avons créé, nous, les travailleurs pauvres, les tâcherons, une nouvelle aristocratie.

Ca m'est apparue de façon évidente le jour de la grève du 18 octobre 2007. Il faisait trés beau (ça, c'est un des constituants des émeutes réussies, il faut qu'il fasse beau) et j'aillais à velo au bureau, ce qui me fait passer par la Republique.

C'était la fête chez les aristo : des centaines de jeunes hommes et femmes gais et souriants, heureux de vivre, visiblement bien éduqués, avec ce regard insouciant que donne l'irresponsabilité du statut à vie et la satisfaction d'être bien protégé par leur concours et leurs statuts, et de la musique, des oriflammes de couleurs vives, et quelques émigrés au visage plus fermé derrière leurs braseros de brochettes et autres merguez, ça se comprend, d'autres qui regardaient, comme moi, cette aristocratie dont ils étaient exclus et que nous avons nous-même secrétés :

Ils y avaient des militants CGT CFDT, tous contents de se retrouver, et pleins de fonctionnaires, qui discutaient en souriant de leur chance de promotion et autres. On sentait qu'ils s'amusaient bien.

Mon père avait raison : la planque c'est le fonctionnariat ou la permanence syndicale (à mon avis c'est encore mieux : tu travailles pas, t'es protégé par la loi, t'as plein de copains, tu fais la fête gratis, et en plus tu as le bon droit pour toi. Tu peux raconter tranquillement absolument n'importe quoi, personne n'osera te contredire. Le paradis sur terre.

Ca doit être les tournois modernes, ces journées là. Et puis je suis repartie au bureau, parce que moi, je suis payée à la tâche. Et j'en suis fière. Je vous expliquerai pourquoi dans un prochain message, là, il faut que j'y aille.

Bisous by